jeudi 19 décembre 2013

Scène de rencontre entre Jean-Romuald Trinquart et Jean-Pierre Morin

Dès mon arrivée je fus surpris par la beauté des lieux. Ayant répondu à une petite annonce trouvée dans le journal précisant que la maison d’édition recherchait un avocat spécialisé dans les droits d’auteurs et patrimoniaux, je me présentais alors à l’entretien préalable à l’embauche. Je rentrai alors d’un pas déterminé, tentant tant bien que mal de cacher mon angoisse. Moi qui avais toujours rêvé de devenir écrivain mais sans avoir de réelles capacités littéraires, j’avais enfin trouvé un moyen d’entrer dans ce monde.
Je m’adressai à la secrétaire pour lui demander ce que je devais faire. Elle me dit d’attendre et passa un coup de téléphone. 
Quelques minutes plus tard, un homme, grand, d’une belle stature portant un col roulé beige vint me trouver. Il se présenta :

-« Bonjour, je suis Jean-Pierre Morin et vous devez être là pour l’annonce non ? » dit-il
-« Oui, j’ai rendez-vous dans une demi-heure mais je suis un peu en avance. » lui répondis-je.

-«  Enchanté, je suis l’éditeur en charge des romans Français. Jean-Eudes s’excuse mais il ne pourra pas être là avant une heure, il m’a donc demandé de vous faire faire un petit  tour de notre maison d’édition. Vous aimez lire ? Aimez-vous Georges Perec ? J’ai des petits bijoux que je vais bientôt publier ! Vous voulez les voir ? Vous me semblez curieux alors je vais vous faire cette faveur, suivez-moi ! » M’ordonna-t-il.
Je l’ai donc suivit vers son bureau, heureux de rencontrer quelqu’un d’aussi aimable dans un tel endroit !

Fête de Noël par Gabrielle Longuet de la Giraudière




   Une grande fête était organisée dans la maison d’édition et je tremblais d‘impatience rien qu’à l’idée de montrer à tout le monde ma nouvelle robe de soirée que j’avais achetée pour l’occasion. Je m’étais maquillée avec soin et mon mari avait dû crier pour me faire sortir de la salle de bain.
Nous arrivâmes bien entendu les premiers mais nous n’eûmes pas à attendre très longtemps les premiers participants. J’étais impatiente de voir Jean Pierre pour discuter de tout ce qui allez ce passer. Petit à petit, la cour se remplit de tous les employés. Certains me saluèrent, d’autres passèrent devant moi en m’ignorant. Cela ne me faisait ni chaud ni froid.  Je m’inquiétais un peu de ne pas voir Jean Pierre. Il était pourtant le premier à arriver aux fêtes pourtant ! Je déambulais donc en slalomant entre les gens, tous occupés à boire leurs petits verres de champagne et ne faisant absolument pas attention à ce qui les entouraient. Soudain, alors que je contournais une énième personne, je me retrouvai nez à nez avec le torse d’un jeune homme qui, grâce à mes talons, ne me dépassai que d’une demi-tête et encore ! Heureusement que j’avais pensé à mettre des talons aiguilles ! Je n’aimais pas quand un homme me regardait de haut. Je regardais un instant le jeune homme qui m’adressait un sourire gêné en se répandant en excuse avant de reconnaître le stagiaire qui travaillait au même étage que moi. Quel était son nom déjà ...  Oh et puis zut ce n’était qu’un stagiaire après tout !

-Je suis vraiment désolée ! Je ne regardais pas où j’allais et ...

-Ne vous en faites donc pas ! Le plus important est que ma robe ne soit pas tâchée ! Cela aurait été catastrophique ! Oh et puis arrêtez de me regarder comme un cocker, nous sommes à une fête voyons, pas dans un chenil !

-Oh oui désolé! J’espère que vous vous amusez bien ! En tout cas vous êtes vraiment magnif ... Je veux dire vous avez une très belle robe !

Le pauvre Léo avait l’air très gêné et je décidais, dans ma grande bonté, de mettre fin à son embarras.

-Et bien enfin ! Je suis contente que quelqu’un remarque enfin ma nouvelle robe ! Je commençai à me demander si tous les autres n’étaient pas devenus subitement aveugles. Oh je dois vous laisser, je vois venir Jean Pierre.

Et je m’éloignai d’un pas rapide en direction de mon ami que j’interpellai en criant son nom au dessus du brouhaha ambiant. Celui m’entendit et se tourna dans ma direction. Le sourire qui barrait déjà son visage s’agrandit encore quand il me vit. Il fit quelques pas dans ma direction tout en avançant la main. Quand j’arrivai à sa hauteur je la pris dans la mienne.

-Enfin ! Je ne vous voyais pas arriver, j’avais peur que vous ne veniez pas !

-Moi ! Ne pas venir à une fête où l’alcool est gratuit ! Ce serait mal me connaître !

-En effet ! Venez, je sens que nous allons vraiment nous amuser !


Et accompagnée de Jean Pierre nous nous dirigeâmes vers le banquet résolu à passer une très bonne soirée.

Lettre de Gabrielle Longuet de la Giraudière à Léo Bones



         Cher Léo,
Je vous envoie cette lettre car j’ai besoin de votre aide. En effet, il y a deux jours pour mon plus grand malheur j’ai perdu mon rouge à lèvres favori ! Vous savez celui que je ne mets que pour les grandes occasions ! Je suis totalement désespérée, je ne sais plus que faire. J’ai cherché partout, chez moi, mais rien … J’ai aussi fouillé dans mon bureau et celui de mon mari, il demeure introuvable. C’est pourquoi vous êtes mon ultime recours. Etant stagiaire, vous avez un meilleur accès que moi aux autres bureaux de la maison d’édition. Je vous en conjure, retrouvez mon magnifique rouge à lèvres, j’y tiens énormément ! J’ai vécu tellement de belles choses avec lui. Je suis allée à des soirées grandioses et j’ai rencontré de si beaux jeunes hommes grâce à lui. Il m’a porté bonheur en de maintes occasions et je ne serais sûrement pas là si je ne l’avais pas eu en ma possession. Je me rappelle : je l’ai vu pour la première fois dans la devanture d’un grand magasin de mode à Rome. Ce fut le coup de foudre. Je décidai de l’acheter immédiatement. Je choisis de le mettre pour ma prochaine soirée où je fis fureur. Tous les hommes étaient à mes pieds, vantant ma beauté et la magnificence de mes atours. Suite au succès de cette soirée je décidai, pour le bien de toutes les autres femmes, de ne garder ce rouge à lèvres que pour les grandes occasions. Il m’a en effet attiré beaucoup de rivales et de jalouses. Mais qui puis-je si leurs maris préfèrent les femmes aux lèvres étincelantes plutôt que les femmes banales ? On ne peut les en blâmer ! Grâce à lui j’ai pu faire la connaissance de grands hommes d’affaires qui ont propulsés ma carrière. Qui sait quelles occasions je vais manquer si je ne le porte pas ! Vous comprenez maintenant mon désarroi. Je vous supplie d’y mettre fin ! Si vous le retrouvez toute ma gratitude ainsi que celle de mon mari.
Je vous embrasse très fort et espère avoir très bientôt de nouvelles de mon rouge à lèvres.

Gabrielle Longuet de la Giraudière
Directrice du service de presse
Epouse du directeur

Kimberley a perdu un objet

Anne-Charlotte,

J'ai perdu mon portable, cet objet si indispensable à mes yeux. Mon travail de secrétaire ne me permet pas de rompre ce lien que j'ai avec l'extérieur. Petit bijou de technologie, je l'avais acheté en septembre dernier pour mon plus grand bonheur. Doté d'un logo de pomme à moitié croquée, il contenait des noms, des visages, toute une civilisation virtuelle qui me manque cruellement. Il était de taille moyenne, teinté d'un blanc nacré, d'une légèreté incomparable et d'un design certain. Ce portable était très important, m'accompagnant dans toutes les situations, bonnes ou mauvaises. On a passé de longs moments collés, tempe contre tempe, à parler de tout et de rien. Il me tenait même chaud la nuit lorsqu'il était en charge. Et puis c'est mon compagnon de travail. Sans lui, la maison d'édition ne va plus avoir de contact, plus aucun message délivré par mes soins. Parce qu'en somme, je suis comme Hermès, volant à travers les bureaux pour annoncer le moindre fait et geste d'un client.
Mais vous comprenez bien, chère Anne-Charlotte, que sans mon portable, mon travail de secrétaire s'arrête ici. C'est pourquoi je vous demande de regarder minutieusement dans votre bureau si mon précieux ami se trouve quelque part. Je vous remercie par avance de l'aide que vous m'apporterez et vous souhaite de passer une agréable journée.

P.s : Merci à Daniel de m'avoir aidée à écrire cette lettre.



Kimberley Adams   

Fête de Noel des éditions par Jean Pierre Morin

 


      Le grand patron avait décidé de faire la fête de noël que nous avions planifiée en réunion. J’avais passé l’après-midi à faire les décorations après plusieurs semaines à écumer les magasines. Jean-Eudes avait un peu verdi en voyant la facture, mais ça en valait la peine : la salle était magnifique.
Nous avions choisi une « petite » salle pas loin de la maison d’édition ; étaient invités les auteurs VIP et tout le personnel. J’entrai, en avance sur tout le monde et donnai mon manteau avec une négligence voulue à Léo je ne sais plus quoi, le stagiaire. Gabrielle était déjà là, loin de son époux. Je saisi une coupe de champagne avant de venir la voir :

- Alors ma chère Gaby, que pensez vous de la décoration ?

Elle me retourna un grand sourire. J’aimais bien son sourire, il était emprunt d’une espièglerie que seule les femmes de son âge qui ont gardé la beauté de leur jeunesse peuvent avoir.

- La rumeur sur le bon goût des homosexuels en matière de décoration est donc vraie !

Je lui fis mes yeux de poisson rouge, regardant alentour.

- Ne dites pas cela en public ! Vous ruineriez ma réputation de coureur de jupons des belles auteures…

Elle s’était postée au bon endroit pour admirer les arrivés. Je restais donc là tout au bonheur de pouvoir les commenter avec elle et d’être, qui plus est, salué au même titre que la femme du directeur. Je serrais avec chaleur les pinces de quelques personnes que je n’avais jamais vues jusqu’ici et dont j’aurais probablement dû connaître l’existence (et surtout le nom) mais sauvais la face en me jetant sur mes auteurs favoris avec des grands :

- Oh Josiane ! Quel bonheur que tu aies pu venir ! Tu as lu la critique de machin sur ton livre ? On va la mettre sur le flyers ! Ah mais ne parlons pas de boulots ce soir, prends un verre !

Bien sûr, pas question de ne pas parler de travail. Cette fête était justement l’occasion de tirer les verres du nez à mes auteurs pour savoir s’ils avaient des propositions indécentes de d’autres maisons d’éditions et de leur montrer à quel point moi je les aimais, les chérissais, les adorais et m’occupais bien d’eux. Après quelques verres auprès d’eux et quelques beaux commentaires entre deux verres échangés avec Gabrielle sur la mise extravagante de certains et certaines, je fis un petit tour des collègues. La musique ponctuait les conversations éclaboussées de la lumière des guirlandes clignotantes du sapin. Certains me renvoyèrent avec de petites paroles condescendantes (comme si j’avais trop bu pour m’en rendre compte). Mon verre était à nouveau vide. Je remplissais donc celui-ci avant qu’un silence ne se fasse pour écouter le petit discours du directeur, annonçant le milieu de la fête.
Je me postai près de Gabrielle avec des œillades convenues et quelques paroles qui ne furent visiblement pas très discrètes à voir le regard mauvais des voisins dérangés par nos messes basses. Le discours s'acheva sur l’annonce des proches résultats de la tombola et des remerciements à tous pour être venus. J’emmenai ma chère amie prendre un billet de dernière minute quand nous tombâmes sur Jean-Eude. Il faut savoir que je suis quelqu’un de très sociable et sans gêne mais devant le directeur du service juridique mon cœur s’emballe, je rougis, je m’emmêle les pinceaux… Bref, je perds tous mes moyens. Et ce soir ne fit pas exception à la règle. Nous nous réfugiâmes dans un coin de la salle. Après la tombola, la fête commença à se dissoudre et je n’avais pas envie de rester jusqu’au bout : les verres peuvent vous faire parler plus que de mesure et Jean-Eude était décidemment trop sexy dans son costume. Je fis mes au revoir à Gabrielle et quelques collègues croisés de ci de là, avant d’aller harceler Léo et de l’ébouriffer un bon coup.

- Joyeux Noel p’tit gars !


Et je rentrai, satisfait de ma soirée.

Pot de Bienvenue de Jean-Romuald Trinquart, directeur du service juridique
C’était lors de mes débuts au sein des éditions Longuet de la Giraudière. La direction avait organisé en mon honneur un pot de bienvenue. L’ambiance chaleureuse qui régnait entre les salariés m’intriguait, mais j’ai appris beaucoup plus tard qu’en réalité beaucoup d’entre eux appartenaient à la même famille. Je fis un tour et me présentai aux différentes personnes présentes. Il y avait parmi celles-ci deux visages qui m’étaient familiers : Kimberley, l’assistante à l’accueil et Jean-Pierre Morin, l’éditeur spécialisé dans les romans Français qui m’avait accueillit lors de mon entretien d’embauche. Je rencontrai pour la première fois Marjolaine Estapola qui allait, par la suite, devenir mon amie. Nous avons tout de suite accroché. Sa franchise et son franc-parler me déridèrent un peu. De même, sa foi et sa morale très stricte me firent penser à ma mère. Je remarquai cependant qu’elle ne semblait pas être beaucoup appréciée par le reste du personnel. Allez savoir pourquoi…
Puis, vint le moment tant redouté du discours. Étant d’une nature plutôt réservée et taciturne, je ne m’étais pas préparé et je ne m’étais pas trompé en prédisant que je ne remporterais pas un franc succès. Mon discours fut bref et concis, ponctué de quelques anecdotes juridiques pour lesquelles mes camarades bienveillants crurent qu’il était de bon goût de ricaner. Seuls quelques-uns restèrent de marbre. Puis Jean-Eudes Longuet de la Giraudière fit à son tour un discours. Il y abordait des thèmes comme l’importance d’être soudés au sein d’un groupe et le rôle primordial du travail d’équipe. Après tout ces échanges d’usage, il fut l’heure d’ouvrir le champagne. L’alcool semblait nous aider à créer des liens. Enfin, après une première journée épuisante je saluai tout le monde et rentrai chez moi où Bernard, mon chat m’attendait avec impatience