Et encore une fête, ça n’en
finissait pas. Cette fois-ci c’était obligatoire, je ne pouvais pas y échapper,
enfin c’est ce que m’a dit Jean-Eudes. Je le soupçonne de m’avoir poussé dans
un guet-apens.
Et voilà, il faut que je m’habille
comme un plouc avec le costume en queue de pie, le nœud de papillon de travers
parce que c’est scientifiquement impossible qu’il soit droit, et mon sourire de
circonstance pour ces fêtes où tout le monde finira ivre quoiqu’il arrive.
J’étais prêt. Heureusement que
Jean-Eudes était là sinon j’aurais pris la poudre d’escampette. Tout était
beau, le nouvel auteur qui devait être présenté et pour qui la fête était
organisée reluisait, quand je dis reluisait c’est parce qu’il ressemblait à une
de ces paires de chaussures que l’on met au pied de sa porte à l’hôtel et que
l’on retrouve astiquées le lendemain. Même la secrétaire de Jean-Eudes avait
fait un effort pour bien s’habiller.
Et voilà que les problèmes commencent,
Marjolaine se dispute avec une pauvre et innocente fille qui a eu le malheur de
porter une robe un petit peu trop courte. Philibert fait déjà son tour de
charme auprès des jeunes demoiselles présentes dans l’assemblée en devinant comme par magie le
nom de leur livre préféré. Un jeu d’enfant pour lui, il est le fils du
directeur, il a récupéré la liste des invités et a mémorisé les noms des jeunes
filles ainsi que les livres qu’elles préféraient car il fallait l’indiquer lors
de l’inscription à la soirée pour avoir la possibilité de gagner une édition de
son livre.
Et
cette pauvre Kimberley était dans son coin, à pleurnicher en regardant
Philibert qui ne lui accordait pas un seul regard, elle avait très mal choisi
la personne dont elle était amoureuse.
Et moi j’étais là, je voyais tous
ces bons à rien qui s’empiffraient de gâteaux apéritifs et s’enivraient de
champagne à cent balles, on aurait cru voir des animaux de cirque, Jean-Eudes
c’était le lion, le roi, Kimberley c’était un chien, et Marjolaine une pie et
moi j’étais là, tel un caméléon, je me fondais dans le décor et je ne disais
rien parce que j’aurais préféré lire un livre dans mon lit.
L’auteur s’est présenté, les gens
ont ri, ils ont mangé, ils ont ri encore, moi j’étais toujours dans mon coin à
les observer comme si j’avais été un tueur
qui cherchait sa proie. Je n’arrivais pas à comprendre le comportement humain
et ça m’agaçait encore plus lorsque je vis Philibert sortir des toilettes avec
une jeune femme, à mon avis ils ne faisaient pas que discuter.
De
mon point de vue, son comportement n’était pas digne de la grande famille qu’est
celle des Longuet de la Giraudière, il devrait être aussi galant que son père.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire