jeudi 19 décembre 2013

Fête des éditions Longuet de la Giraudière par Eliott Goulding


            Et encore une fête, ça n’en finissait pas. Cette fois-ci c’était obligatoire, je ne pouvais pas y échapper, enfin c’est ce que m’a dit Jean-Eudes. Je le soupçonne de m’avoir poussé dans un guet-apens.
            Et voilà, il faut que je m’habille comme un plouc avec le costume en queue de pie, le nœud de papillon de travers parce que c’est scientifiquement impossible qu’il soit droit, et mon sourire de circonstance pour ces fêtes où tout le monde finira ivre quoiqu’il arrive.
            J’étais prêt. Heureusement que Jean-Eudes était là sinon j’aurais pris la poudre d’escampette. Tout était beau, le nouvel auteur qui devait être présenté et pour qui la fête était organisée reluisait, quand je dis reluisait c’est parce qu’il ressemblait à une de ces paires de chaussures que l’on met au pied de sa porte à l’hôtel et que l’on retrouve astiquées le lendemain. Même la secrétaire de Jean-Eudes avait fait un effort pour bien s’habiller.
            Et voilà que les problèmes commencent, Marjolaine se dispute avec une pauvre et innocente fille qui a eu le malheur de porter une robe un petit peu trop courte. Philibert fait déjà son tour de charme auprès des jeunes demoiselles présentes dans  l’assemblée en devinant comme par magie le nom de leur livre préféré. Un jeu d’enfant pour lui, il est le fils du directeur, il a récupéré la liste des invités et a mémorisé les noms des jeunes filles ainsi que les livres qu’elles préféraient car il fallait l’indiquer lors de l’inscription à la soirée pour avoir la possibilité de gagner une édition de son livre.
Et cette pauvre Kimberley était dans son coin, à pleurnicher en regardant Philibert qui ne lui accordait pas un seul regard, elle avait très mal choisi la personne dont elle était amoureuse.
            Et moi j’étais là, je voyais tous ces bons à rien qui s’empiffraient de gâteaux apéritifs et s’enivraient de champagne à cent balles, on aurait cru voir des animaux de cirque, Jean-Eudes c’était le lion, le roi, Kimberley c’était un chien, et Marjolaine une pie et moi j’étais là, tel un caméléon, je me fondais dans le décor et je ne disais rien parce que j’aurais préféré lire un livre dans mon lit.
            L’auteur s’est présenté, les gens ont ri, ils ont mangé, ils ont ri encore, moi j’étais toujours dans mon coin à les observer comme si j’avais été un tueur  qui cherchait sa proie. Je n’arrivais pas à comprendre le comportement humain et ça m’agaçait encore plus lorsque je vis Philibert sortir des toilettes avec une jeune femme, à mon avis ils ne faisaient pas que discuter.
De mon point de vue, son comportement n’était pas digne de la grande famille qu’est celle des Longuet de la Giraudière, il devrait être aussi galant que son père.


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